DROIT DE REPONSE AU JOURNAL NICE MATIN
Lecteur et abonné de Nice Matin, j’ai été littéralement scandalisé par l’article de Jean Paul Fronzes (paru le 26/10/09) sous le titre « La fin des Rodéos 4x4 au milieu d’espèces rares ».
Natif de la région comme de nombreux pratiquants de 4x4 et autres activités de pleine nature (rando,VTT, spéléologie, chasse, etc …), je trouve lamentable, sous couvert d’une mode politico médiatique, de nous faire passer pour des « outlaws » amateurs de « rodéos sauvages », de préférence « au milieu d’espèces rares et protégées » ; car, tant qu’a être des barbares, autant annihiler toute faune et flore en milieu naturel et transformer la montagne en un sec rocher aride et sans vie…allons ! Soyons sérieux ! Monsieur le journaliste !
Je ne pense pas que Nice Matin soit un journal extrémiste et engagé dans une lutte idéologique quelconque, alors je pense qu’un bon journaliste se doit d’être avant tout objectif et surtout documenté, ce qui n’est pas le cas de « JPF » dont les allégations relatives au droit de circuler sur nos chemins ruraux relèvent de la fable destinée à jeter l’anathème sur des usagers de véhicules tout terrain qui ne polluent d’ailleurs pas plus que les berlines ou monospaces équipés du même moteur et se contentent dans 99% des cas de rouler sur pistes et chemins qui, faut il le rappeler, sont des voies de circulation très souvent publiques mais dont nombre de gens s’en octroient souvent la propriété ou le droit d’usage.
Vous savez certainement que depuis plusieurs années, la mode des câbles et autres barbelés tendus en dissuasion en travers des chemins ont causés la vie à une dizaine de personnes…Mais cela, vous n’en parlerez jamais ! Approuvez vous un tel « self défense » dont les articles comme le vôtre conforte ce sentiment d’être dans son bon droit en agissant comme cela ?
Certes il y aura toujours, et dans toutes les activités, celui qui ne respectera pas les consignes ; mais, faut il définitivement et systématiquement condamner l’immense majorité respectueuse des règles pour quelques « indésirables » ?
Je constate d’ailleurs qu’en politique, habituellement, on demande toujours de ne pas faire l’amalgame lors de débordements et de ne pas condamner l’immense majorité respectueuse des règles ; pourquoi n’en serait il pas de même dans notre cas et ne condamner que les fautifs au lieu de tout interdire systématiquement?
J’ouvre une nouvelle parenthèse, en ce qui concerne la diatribe journalistique, en constatant que lors d’accidents de la voie publique mettant en cause un 4x4, vous titrez :
« le monstrueux 4x4 », « le puissant 4x4 », véhicules, je vous le rappelle vendus en France et homologués par les services administratifs de ce même pays.
Alors, pourquoi ne pas parler de « véhicules » ou « automobilistes » comme dans la plupart des faits divers ?
Votre but est il de vendre du sensationnel ou de semer l’effroi et la révolte dans les chaumières ?
Pour en revenir à l’article proprement dit, je tiens à éclaircir et à développer quelques points à partir des éléments cités :
Tout d’abord, concernant le Marguareis, l’enclave Française désormais fermée à la circulation, prive nos amis italiens de boucler un trajet à 80% italien (début et fin de piste en Italie) ce qui permet de comprendre leur colère.
Le Marguareis est également un lieu très prisé pour la spéléologie et la randonnée, et, comme de nombreux massifs dont les pistes sont arbitrairement fermées sans concertation, faudra t il désormais deux jours de marche pour atteindre les zones de départ de randos ou les gouffres ?
Les chasseurs de tous les massifs régionaux devront ils descendre à dos d’homme les sangliers ?
Veut-on priver des personnes à mobilité réduite, âgées, ou non entrainées de pouvoir se rendre en montagne par les pistes ?
Les décisions municipales de fermeture font malheureusement penser à des édits royaux où seule, une cours fermée, les ayants droit, ont accès à ces lieux communaux.
Faut-il rappeler que nous sommes en France, terre de « liberté », où, depuis la révolution, la libre circulation des biens et des personnes est un droit élémentaire !
Faut il rappeler que la France est une terre d’ « égalité » où la discrimination ne doit pas exister et le fait d’en autoriser certains et pas d’autres en est une !
On arrive à des aberrations, comme dans l’Esterel où le panneau d’interdiction B0 a été systématiquement planté partout, interdisant parfois de facto, l’accès à des clubs hippiques, circuit de moto cross, etc…faut il enfreindre la loi pour se rendre en ces lieux …ou ne plus y aller ?
Tous ces massifs naturels ne seront-ils autorisés qu’en carte postales ?
Allez-y à pied ! Nous dira t on.
Mais a-t-on tous la faculté de marcher pendant 5 jours tels des sherpas surchargés ?
On parle, toujours dans votre article, de la venue d’amateurs de l’Europe entière vers le Marguareis ; mais qui va se plaindre de ce tourisme :
Les auberges et hôtels de la Brigue que les amateurs de balades motorisées remplissent régulièrement ?
Je tiens d’ailleurs à préciser que beaucoup d’étrangers en 4x4 ou motos ont un énorme respect de nos sites.
Quant aux 350 véhicules par jour qui défilent sur la piste de l’amitié je pense que vous avez un sens énorme de l’exagération.
« un substitut du Paris-Dakar » :
Tout d’abord, il y a quelques années, les participants au Paris-Dakar étaient acclamés comme des héros (rappelez vous les Sabine et Balavoine, Brasseur et Ickx,…) aujourd’hui, doivent ils « raser les murs » et avoir honte ?
« ceux qui ne peuvent pas se payer un safari en Afrique » :
Cela sous entend il que les « sales pauvres » en 4x4 et motos n’ont qu’à regarder un DVD d’aventure chez eux au lieu de profiter de la nature ?
Quelle ségrégation vous faites !
« la vertigineuse route militaire empierrée » :
N’oubliez pas que depuis des années elle est utilisée par les locaux, en voiture « standard » et représente souvent la sortie dominicale et familiale incontournable, le traditionnel pic nic des forts de Tende et la Brigue.
Allez donc voir le dimanche au fort central si les « mamas » italiennes ont l’air de brutes sauvages !
« l’opinion publique est désormais sensibilisé » :
Je ne crois pas que nous sommes dans la sensibilisation mais bien dans un nouveau « fascisme », un « écolo-fascisme » ou le mode de pensée devient Stalinien :
« On pense pour vous ce qui est bien pour vous ! »
Tout cela doublé d’un phénomène de mode « très tendance » où l’on atteint les limites de l’absurdité et de la désinformation.
« il faut fermer la route ! » :
Mais elle est déjà fermée : depuis octobre, arbre et barrière sont en travers de la piste !
Je rappelle, d’ailleurs, à toutes fins utiles, que les fermetures doivent faire l’objet d’un formalisme très strict.
«il faut intégrer le site au Mercantour » :
Bientôt, en dehors des villes, nous n’aurons plus que des sanctuaires interdits, où seul, l’ONF et consorts pourront circuler, interdisant ce patrimoine collectif à la population qui devra s’y rendre clandestinement afin de ne pas être verbalisée.
A tel point, que le défaut d’entretien des pistes forestières, par manque d’utilisation, a empêché les pompiers d’agir en certains endroits, faute de praticabilité, notamment dans le Var.
« ce n’est pas simple pour faire respecter la loi ! »
Justement, cette loi est peu souvent respectée par les municipalités qui prennent des arrêtés arbitraires et parfois illégaux avec autant de passe-droits qu’il en faut ; mais, ne l’oublions pas, la France est une terre de Liberté et d’Egalité !
Sachez que bon nombre de PV sont annulés par décision de justice, car illégalement dressés la plupart du temps.
D’une manière plus générale, l’état ne peut pas être à la fois juge et parti, les pouvoirs publics ne peuvent pas se comparer au dieu Janus à double visage.
On ne peut pas prendre des accords commerciaux (notamment l’importation des quads avec autorisation de conduite avec permis B) et s’offusquer de leur présence sur nos chemins.
Il est grand temps, au lieu de laisser dire et écrire n’importe quoi, d’avoir enfin des règles claires et simples qui permettraient un accès à tous nos chemins ruraux et vicinaux, dans le respect de tous, en sanctionnant le peu d’irresponsables qui ne respecteraient pas l’environnement (hors piste notoire).
Des solutions concertées existent déjà dans nombre de régions, il est donc indispensable de dialoguer et apaiser les différents protagonistes, et ce n’est pas avec des articles à sensation destinés à monter les gens les uns contre les autres que nous y parviendrons.
N’oublions pas, d’ailleurs, que, bon nombre d’entre nous sont des pratiquants de balades-découverte depuis les années 70-80 où l’accès aux pistes était totalement libre et que personne à l’époque ne se souciait de savoir qui les empruntait et je n’ai pas souvenir que les utilisateurs de l’époque aient défrayé la chronique, mais quelle tristesse d’être passé d’un monde de liberté à un monde d’interdictions systématiques et dogmatiques, surtout dans un des pays dit libre.
Représentant local de la CORAMUC (Confédération des Randonneurs Motorisés et Usagers des Chemin) je ne peux que dénoncer ces atteintes à la liberté de circuler alors que notre confédération prône depuis toujours le dialogue, la concertation et le partage harmonieux des chemins entre les différents usagers. Nous sommes des amoureux de la nature et à ce titre nous condamnons fermement le hors piste et appelons chacun au respect de la charte de notre Confédération. Mon rôle en temps que représentant local de la CORAMUC est également d'être un trait d'union entre les élus et les pratiquant. J'appel de mes vœux l'ouverture urgente d'un dialogue constructif basé sur l'écoute et la concertation et non sur des interdictions.
Ecrire un tel article, c’est facile, on sème la zizanie et le conflit, et on s’enfuit…
Mais Monsieur JPF, aurez vous le courage de diffuser cette lettre, ou mieux, de revoir votre article après une concertation avec les utilisateurs des chemins ruraux qui ne sont pas des amateurs de « Rodéos sauvages » et des brutes assoiffées de destruction !
P.DESPAUX
Délégué départements 06 et 83 Coramuc |